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Théâtre mouvementé ?

La recherche autour du théâtre mouvementé a commencé pour moi en 2011.

 

J'ai une formation de comédienne : de nombreux ateliers amateurs, l'option théâtre au Lycée, le conservatoire d'Avignon, puis l'ERAC. De ce chemin de formation, s'est ancré dans mon travail un fort rapport au texte, à la rythmique des mots, à la puissance du verbe. Pourtant, mon parcours personnel m'a poussé à travailler sur et avec mon corps et donc à jouer, en tant qu'interprète dans des spectacles de danse-théâtre ou de théâtre physique.

J'ai commencé à percevoir, ce que les partitions physiques pouvaient raconter, ce qu'elles pouvaient apporter aux texte : en souligner le sens ou en l'enrichissant en rendant lisible le sous-texte.

 

Riche de mon parcours d'interprète, j'ai eu envie de chercher mon propre langage scénique et de commencer à mettre en scène des images, des propos, des mouvements que j'avais en tête.

 

Inspirée par le travail de compagnies de danse-théâtre ou de théâtre physique comme Peeping Tom, DV8 ou encore certains travaux de Tomeo Verges, ainsi que par le théâtre de Arne Sierens ou certaines propositions de Jérôme Bel, j'ai commencé à construire des propositions scéniques qui me sont personnelles. Tout d'abord moi-même en tant qu'interprète et conceptrice de projet, puis en tant que metteuse en scène, accompagnées par des comédien.ne.s qui se sont impliqué.e.s dans mes créations.

 

Il n'était pas question d'utiliser des techniques de danse, mais bien de chercher un langage corporel expressif, en m'appuyant sur mes différentes expériences de travail du corps et du mouvement : l'Eutonie, le Hata Yoga, la Choréosophie, la méthode Feldenkraïs ou encore la pratique de la danse Buto.

Au fil du travail et des expérimentations, et grâce à l'implication des interprètes qui me suivent pour certain.e.s depuis plusieurs années, j'ai pu développer un langage scénique particulier. Nous construisons des partitions physiques à partir d'improvisations qui cherchent à mettre en mouvements lisibles les tressaillements, les vibrations intérieures qui naissent de nos fils de pensées et de nos émotions. À travers des scènes tantôt narratives, tantôt plus évocatrices et poétiques, nous précisons, de projet en projet, une esthétique originale.

 

Par ce travail physique précis et intense, j'interroge également la notion performative de l'interprétation scénique. En effet, si les mouvements ne sont pas impressionnants par eux même car nous cherchons davantage la fragilité d'une tension ou d'une vibration que la puissance d'un saut périlleux, les formes proposées sont de plus en plus performatives au fil des créations.

« King du Ring », par exemple, proposition autour du texte de Rémi Checchetto sur Muhammad Ali, travaillait tant sur une forme de logorrhée monologuée très rythmique, que sur une partition physique intense, inspirée du mouvement du boxeur et altérée par les modulations de la pensée et des émotions. Un combat dans les mots, dans le corps, mais aussi pour l'interprète et les spectateurs, plongés, durant un heure et demie, dans une vague de paroles et de mouvements en flux tendu.

Pour « Trouble(s), spectacle variable » la forme même de la proposition plonge interprètes et spectateurs dans un spectacle morcelé qui se construit en direct. Personne ne sait donc ce qui va être joué et tous, du plateau à la régie, doit faire preuve d'une extrême concentration, de précision et de réactivité. Cela permet aussi de créer une communauté entre les spectateurs mais aussi avec les interprètes. L'attention et la fragilité qu'une telle proposition met en jeu fait également de cette création un spectacle performatif.

 

Avec « Trouble(s), spectacle variable » c'est aussi la place même du spectateur qui est interrogée. Physiquement présent tout autour de la scène, ce sont eux qui délimitent l'espace scénique et eux qui construisent le spectacle. En parallèle des créations principales, je crée également des formes légères à jouer dans la rue ou en déambulation ( « Human Danse Box » ou « Détours de mots »). Je souhaite continuer lors des futures créations à interroger la place des spectateurs et à les amener à être soit placer à un endroit différent du gradin habituel, soit à être acteurs, d'une façon ou d'une autre de la construction ou de l'évolution du spectacle.

 

J'ai choisi en, 2011, de nommer ma recherche ''Théâtre mouvementé''.

Selon le petit Robert :

Théâtre: “Le Théâtre” : art visant à représenter devant un public une suite événements où des êtres humains agissent et parlent; genre littéraire, œuvres qui y correspondent. Mouvementé : 1. Qui présente des mouvements => accidenté. 2. (composition littéraire) Qui a du mouvement, de l'action => vivant - Qui présente des péripéties variées.

Un théâtre en mouvement, accidenté et vivant, cela me semblait bien résumer la recherche que je débutais alors.

Si la proposition de plateau l'esthétique mise en jeu se précise au fil des années et des créations, la forme du Théâtre mouvementé n'est pas figée et continue à évoluer au fil des rencontres, des avancées du travail et des nouveaux projets.

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